L’amour, selon Gérard Bonnet, est bien plus qu’un simple sentiment : il est une force fondamentale, enracinée dans l’inconscient et dans le corps. Il est l’affect par excellence, celui qui donne énergie et sens à nos relations. Dès nos premiers instants de vie, l’amour se manifeste, devient moteur de notre développement, mais aussi terrain de nos plus grandes souffrances.
L’Amour des origines
À la naissance, l’enfant traverse un passage crucial : de la vie intra-utérine à la vie extra-utérine.
Son premier lien, vital, est celui qui l’unit à sa mère. Cet amour premier est si intense qu’il devient pour l’enfant une raison de vivre, au point qu’il peut, en cas de rupture brutale, préférer renoncer à la vie plutôt que de perdre cette relation essentielle.
Cette “séduction originaire” n’est pas simplement une image : la mère, dans son état de grâce, incarne l’amour et s’y abandonne totalement, au point d’être « possédée » par son enfant.
C’est le socle de notre capacité à aimer, un idéal inscrit dans l’inconscient.
Puis vient un moment clé : la mère reprend sa vie de femme, réinvestit sa relation de couple et libère l’enfant de la dimension érotique de cet amour exclusif.
Cela lui permet de découvrir une autre modalité de l’amour : la tendresse, qui le reconnaît comme une personne à part entière. Cette distinction passion/tendresse sera déterminante toute la vie.
L’Amour, moteur et risque
L’amour n’est pas là pour nous conserver en vie, il nous pousse au-delà de la simple survie. Il peut mobiliser le corps à un point tel qu’il déclenche des bouleversements physiques : troubles somatiques, maladies, voire accidents cardiaques.
De même, son absence peut être ravageuse : le manque d’amour prive le sujet de reconnaissance et l’oblige à un travail de réparation, par la parole, l’échange, l’écriture ou la créativité.
La jalousie et le désir de possession
La jalousie naît souvent de ce premier amour passionnel : l’enfant, face à un rival (frère, sœur), tente de « reprendre » ce qu’il croit perdu. Mais cet amour est unique et ne peut être dupliqué.
La jalousie repose donc sur un malentendu : croire que l’amour peut se comparer, se mesurer ou se posséder.
L’Amour de couple : Un pari permanent
Dans le couple, l’amour reste un pari, une construction de tous les jours.
La sexualité, loin d’être un simple plaisir, joue un rôle structurant : elle renforce le lien, favorise la tendresse et rend possible un échange authentique entre partenaires.
Maria Rilke rappelait que « s’aimer est un travail à reprendre sans cesse ».
L’alternance de présence et d’absence, loin d’affaiblir le lien, le consolide.
C’est même une clé de la durée : aimer de loin apprend à aimer dans le temps.
Vivre l’amour à deux, c’est plus que partager un quotidien : c’est cultiver des valeurs, nourrir des projets communs, échanger sur ce qui nous passionne. La parole, comme la sexualité, est indispensable : elle garde le lien vivant.
Pour aller plus loin, je vous invite à prendre un moment pour vous en vous posant ces quelques questions :
- Quel est le premier souvenir d’amour ou de tendresse qui me vient en mémoire ?
- Dans mes relations, suis-je davantage en quête de passion, de sécurité… ou d’un équilibre entre les deux ?
- Comment est-ce que je traverse l’absence dans mes relations : avec anxiété, avec soulagement, ou avec une certaine indifférence ?
- Quelles conversations pourrais-je avoir dès aujourd’hui pour me sentir plus proche de mon partenaire ?
Ces réflexions ne sont pas des réponses définitives, mais des points de départ. Elles permettent d’ouvrir un espace intérieur, de mieux comprendre notre façon d’aimer et, pourquoi pas, de réinventer la manière dont nous vivons nos relations.
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