Une lecture coup de cœur "Mon corps ne ment jamais"

Le 14/02/2025 1

J'ai dans cet article eu envie de vous partager ma lecture très inspirante du livre d'Alice Miller "Mon coprs ne ment jamais" autour des expériences du corps et de la souffrance, en proposant une perspective profonde et nécessaire sur l'impact des traumatismes de l'enfance sur la vie adulte.
L'autrice nous rappelle que la façon dont nous avons été traités durant notre enfance peut avoir des effets durables sur notre santé mentale et physique.
En abordant la manière dont le corps intègre les souffrances émotionnelles et les traumatismes, Alice Miller souligne l'importance d'accueillir et d'exprimer nos émotions plutôt que de les refouler. Le 
message qu'elle y développe, est à la fois un appel à la compréhension et à l'acceptation de notre histoire personnelle, et une incitation à se réapproprier notre corps et nos émotions. En reconnaissant les blessures du passé, nous pouvons construire un avenir plus en accord avec nos besoins et nos désirs authentiques, en évitant de reproduire les schémas dysfonctionnels hérités de notre enfance. C'est cette démarche de guérison qui offre une véritable opportunité de croissance et de réconciliation avec soi-même.
Bonne lecture à vous de cet article et de l'ouvrage si cela vous en dit.

De quoi parle le livre « Notre corps ne ment jamais » d’Alice Miller

Le livre  d'Alice Miller, « Notre corps ne ment jamais », aborde de manière poignante la relation entre les expériences de l'enfance et les impacts durables sur la vie adulte. Elle souligne que l'amour que l'on reçoit pendant l'enfance joue un rôle crucial dans le développement de l'individu. Lorsqu'un enfant est privé de cet amour, il souffre et cela se manifeste de diverses manières à l'âge adulte, souvent par des symptômes physiques ou psychologiques.

« Moins un enfant a reçu d'amour, moins il a été respecté en tant que personne, plus quand il sera adulte, il se cramponnera à ses parents ou à ses substituts en attendant d'eux tout ce qui lui a été refusé à la période décisive. C'est là une réaction normale du corps, il sait ce qui lui manque et ne peut l'oublier. Comme un trou creusé qui attend d'être comblé. »

L'idée centrale est que le corps porte la mémoire des blessures passées. Les émotions refoulées, comme la colère et la tristesse, peuvent se retourner contre notre propre être, potentiellement entraînant des maladies ou des souffrances. Il est impératif de reconnaître et de valider ces sentiments pour guérir. Cela nécessite souvent de revisiter des souvenirs d'enfance douloureux dans un cadre sécurisé, tel qu'une psychothérapie, où un psychothérapeute devenu « témoin lucide » peut accompagner cette exploration. Grâce à son soutien, l’adulte en souffrance est accompagné pour transformer le regard porté sur ces expériences, pour se libérer de douleurs antérieures.

« Le corps et le gardien de notre vérité car il porte en lui l'expérience de toute notre vie et veille à nous le rappeler ».
Il nous oblige, en manifestant divers symptômes, à accéder à cette vérité, afin que nous puissions communiquer harmonieusement avec l'enfant méprisé et humilié qui vit toujours en nous.

S'accompagner d'un psychothérapeute, c’est pouvoir se délivrer de ces vieilles peurs jusqu'alors incompréhensibles qui, grâce à un accompagnement empathique, fait cicatriser les vieilles plaies.

L'idée que l'on doit honorer ses parents, indépendamment de la nature de la relation, peut parfois créer un conflit intérieur énorme pour ceux qui ont été blessés par ces figures parentales. L'idée de la loyauté familiale, bien que valorisée dans de nombreuses cultures, peut poser des dilemmes moraux pour ceux qui ont subi des abus ou de la négligence. Tout enfant a besoin d'amour, ou tout du moins de l'illusion de l'amour, ainsi que d’une communication authentique, mais quand cet amour est absent ou altéré, cela peut entraîner des problèmes émotionnels et psychologiques à long terme. La méfiance qui émerge de ces blessures d'enfance peut rendre difficile la quête de relations saines à l'âge adulte. Et souvent l’enfant devenu adulte cherche à compenser cette soif d'amour à travers ses relations extérieures, ce qui  peut parfois mener à de nouvelles déceptions.

L’acceptation de ses propres sentiments, même les plus négatifs, est essentielle pour surmonter cette douleur. Exprimer ce qui est insupportable nécessite souvent du courage, mais c'est une étape cruciale vers la guérison. Rester muet peut entraîner des souffrances physiques et émotionnelles, car réprimer ses vérités peut avoir des conséquences graves sur notre bien-être. Le processus de guérison implique souvent de redéfinir ses relations, de s’en libérer lorsque cela est nécessaire ou de réévaluer les attentes que l’on place sur soi-même et sur autrui.

Au cours de mon parcours, j’ai rencontré des personnes déterminées à découvrir leur propre histoire. Elles cherchaient à comprendre de quoi elles devaient se protéger, les sources de leurs peurs et comment les traumatismes importants qu’elles avaient vécus dans leur petite enfance avaient laissé un impact durable sur leur vie. C’était comme si elles s’efforçaient de confirmer la validité de leurs perceptions, cherchant à se libérer d’une brume intérieure qui obscurcissait leur vision, permettant à des sentiments d’indignation et d’horreur de faire surface. J’ai également observé que lorsque la psychothérapie donne des résultats positifs, c’est grâce à la capacité du patient à se libérer de son attachement néfaste à une enfance maltraitée, aidé par un soutien qui lui a permis de partager son récit et d’exprimer son indignation face aux agissements de ses parents. Ce travail lui permettant à l’âge adulte, d’acquérir la capacité de mener sa vie avec une plus grande autonomie, en ne dépendant plus de ses parents. A l’inverse, dans les cas où les psychothérapies stagnent, ou échouent, c’est souvent lorsque le thérapeute fréquenté prône un certain type de pardon, en convainquant l’adulte d’aujourd’hui que cette approche mènera à la guérison. Pourtant cette démarche, laisse l’individu prisonnier d’un état d’esprit proche de celui d’un petit enfant qui croit en son amour pour ses parents, tout en laissant intérieurement sa vie être gouvernée et dévastée par ces figures parentales intériorisées.

Aussi, il est selon moi, crucial d’exprimer ses sentiments de rébellion et ses émotions sincères envers ceux qui nous ont maltraités ou négligés pendant notre enfance. De plus, on ne peut ignorer que nos attachements aux figures parentales et à nos besoins d’enfance non satisfaits se projettent sur ceux qui nous entourent. Un manque de conscience de cette douleur infantile, qui se manifeste par le déni des expériences passées à l’âge adulte, peut entraîner une recherche perpétuelle de boucs émissaires sur lesquels se venger inconsciemment, malgré le désir que ceux qui nous entourent nous accueillent avec des mots apaisants, comme nous le souhaitions dans le passé.

« Mon corps n'est pas influençable, il connaît parfaitement ma vérité, bien mieux que mon psychisme ».

Il sait dans les moindres détails tout ce que j'ai enduré, il me permet de ne pas me voiler la face sous prétexte de respecter des conventions sociales. Aussi, il est important de prendre ces messages au sérieux et d'en faire quelque chose.

De nombreuses personnes s’accrochent à l’espoir de recevoir l’amour de leurs parents, refusant de renoncer à cet espoir. Notre corps est un organe vivant qui conserve les souvenirs de toutes nos expériences. La réactivation et la mise à jour des émotions anciennes au cours de la thérapie peuvent permettre non seulement de clarifier les sentiments qui demeurent enfouis, mais aussi de défaire les associations erronées que nous avons pu former dans le passé. Par exemple, une peur ou une tristesse ressentie dans un contexte spécifique de l'enfance peut être réactivée à l'âge adulte par des situations qui semblent sans rapport, entraînant des comportements comme l’évitement ou même des dépendances.

Par le biais de la psychothérapie, les individus peuvent apprendre à identifier et à différencier ces émotions anciennes des besoins actuels. L’idée que les besoins d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux d’autrefois est cruciale. La prise de conscience des différentes phases de la vie et de l’évolution des besoins personnels peut offrir une voie vers la guérison. En comprenant et en intégrant nos émotions passées, nous pouvons réduire le risque de tomber dans des schémas de dépendance et favoriser une approche plus saine face à nos besoins et désirs actuels. Nous ne sommes pas obligés de ressentir de la gratitude envers des parents qui nous ont abusés, et encore moins de nous dévouer à eux. Donc, pourquoi persévérons-nous à nous dévouer pour des illusions, pourquoi restons-nous coincés dans des liens qui évoquent de vieux tourments ?

Un enfant, qui par essence est vulnérable, avait besoin, pour sa survie, ne serait-ce que de l'illusion que quelqu'un viendrait à son secours. Lorsque celui-ci a fait défaut, on peut apprendre à se défaire de cette illusion à l'âge adulte, car désormais, il n'est plus, comme par le passé, isolé face à son destin, maintenant, en chacun de nous réside un adulte capable de nous défendre et d'accomplir ce que le parent n'a jamais réalisé, à savoir comprendre l'enfant en souffrance et le sauvegarder. En d’autres termes, Alice Miller souligne l'importance de se libérer des attentes irréalistes que nous pouvons avoir, souvent héritées de notre enfance, pour pouvoir embrasser notre réalité présente. Reconnaître et accepter nos émotions, même celles qui sont désagréables, est crucial pour notre développement personnel. Plutôt que de les ignorer ou de chercher à les supprimer rapidement, il est essentiel de les explorer pour en comprendre les racines. Les émotions non traitées tendent à s'installer durablement, alimentant ainsi des souffrances invisibles qui peuvent perdurer tout au long de notre vie. Lorsque l’on a manqué d’amour dans ces jeunes années, cela peut parfois entraîné toute sa vie durant à en trouver, conjugué à la peur, cette aspiration qui renferme une multitude d'attentes, et modeler nos relations et nos attentes envers autrui, engendrant une quête insatiable d'amour et de validation.

En fin de compte, Alice Miller s'efforce tout au long de son livre de remettre en question le commandement social « d'honorer ses parents », lorsque la relation a été teintée de souffrance ou d'aliénation émotionnelle. Elle plaide plutôt pour une reconnaissance des besoins biologiques essentiels du corps, y compris, entre autres, la recherche de vérité et la loyauté envers soi-même, ses propres perceptions, émotions et savoirs.

Commentaires

  • Clotaire

    1 Clotaire Le 16/02/2025

    Article très intéressant et somme toute assez troublant
    ll est venu bousculer chez moi certaines de mes certitudes et m'a obligé à reconsidérer ma vision intangible de la relation parent enfant
    Merci pour ce partage Mme TAILLANDIER !

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